Forêt méditerranéenne
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Protection de la forêt méditerranéenne contre les incendies et biodiversité
Michel Étienne
INRA - Unité d’Écodéveloppement Site Agroparc, 84914 Avignon cedex 9 etienne@avignon.inra.fr
À partir des années 1970, des aménagements de défense de la forêt contre les incendies (DFCI) ont été mis en place en forêt méditerranéenne. Leur principal objectif était de créer des discontinuités au sein des massifs forestiers au moyen de bandes régulièrement débroussaillées (Étienne, 1996). Ces aménagements ont été mis en place selon deux stratégies contrastées de gestion de l’espace. Dans un cas, la gestion reste exclusivement forestière et des bandes pare-feu sont régulièrement entretenues de façon mécanique, sur des dispositifs généralement linéaires et ne concernant qu’une très faible proportion de l’espace forestier (toujours moins de 5%). Dans l’autre cas, la gestion est partagée avec une exploitation d’élevage qui fait pâturer son troupeau sur de grandes coupures de combustible, généralement alvéolaires et souvent semées de plantes fourragères, voire régulièrement fertilisées. Ces aménagements sylvopastoraux concernent alors une part importante de l’espace boisé (10 à 20%) et impliquent une transformation durable de la forêt. La faible efficacité, le coût d’entretien et l’absence de maîtrise de la dynamique naturelle sur les dispositifs du premier type ont amené le développement de nombreux aménagements du deuxième type, développement renforcé par la mise en place des mesures agri-environnementales puis des contrats territoriaux d’exploitation (CTE) en appui aux systèmes d’élevage participant à la protection de la forêt méditerranéenne contre les incendies. Ces aménagements sylvopastoraux affectent aussi bien les caractéristiques fonctionnelles des stations forestières que la structuration globale du massif forestier. Face à ces transformations que certains écologues n’hésiteraient pas à qualifier de perturbations,