Francese
" Le Déisme est presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l'athéisme, qui y est tout à fait contraire"; et ailleurs : "Tous ceux qui cherchent Dieu hors de J.-C., et qui s'arrêtent dans la nature, par là tombent, ou dans l'athéisme ou dans le Déisme, qui sont deux choses que la religion chrétienne abhorre presque également".
On ne voit pourtant pas d'abord comment un mot qui signifie par lui-même croyance en Dieu a pu prendre un sens si contraire. En fait, c'est un terme mal défini qui appartient surtout au vocabulaire théologique, ou plutôt à celui de la polémique religieuse, et qui n'a point d'usage bien précis dans la langue philosophique. La vérité est que, théologiens ou philosophes, tous ceux qui croient savoir beaucoup de choses sur la divinité, tiennent pour des impies ceux dont le credo est plus limité à cet égard, à plus forte raison ceux qui se bornent à admettre l'existence d'un Dieu sans rien de plus.
C'est ainsi que prêtres et croyants appellent déiste, avec pitié ou mépris, selon leur humeur, le philosophe qui admet Dieu, mais nie les révélations, ignore les dogmes et ne pratique point de culte. Le philosophe spiritualiste, à son tour, appellera déiste celui qui admet une cause première, voire une intelligence immanente, ordonnatrice de l'univers, sans admettre comme lui le Dieu personnel, la création ex nihilo, la providence particulière. Ainsi de suite : le déisme pour chacun est toute croyance métaphysique plus réservée que la sienne propre, parfois même simplement différente de la sienne.
Le Déisme a été professé en Angleterre par une école philosophique assez nombreuse, qui compte parmi ses principaux adhérents Herbert, comte de Cherbury; Shaftesbury, petit-fils de