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887 mots 4 pages
Nous [les historiens], écrit Eric Hobsbawm, avons une respon­sabilité envers les faits historiques en général, et il nous incombe en particulier de critiquer l'usage qui est fait de l'histoire à des fins poli­tico-idéologiques [...]. Les nationalismes contemporains remplacent l'histoire par le mythe ou par l'invention[1].
De cette phrase formulée à l'heure où éclataient les empires socialistes multinationaux d'Europe de l'Est, je retiendrai le rappro­chement qui est fait entre « mythes » et « idéologie », alors que ces deux notions semblent antithétiques en termes d'anthropologie et d'histoire : l'idéologie est du ressort de la pensée moderne ; le mythe, à condition d'en évacuer la connotation péjorative qui l'apparente à la falsification, est la manière dont les sociétés traditionnelles, notamment les sociétés antiques et archaïques, appréhendaient le monde et elles-mêmes. L'idéologie réfère aux sociétés modernes, celles où « s'inventent les traditions » pour paraphraser encore Hobsbawm[2] ; le mythe ressortit des sociétés où la tradition est ancienne et où elle tire son sens du mythe ; le mythe y a fonction prescriptive, légitimitante et normative.
C'est cette opposition que je soulignerai pour parler de la naissance, à partir du 18e siècle, des nations issues de la colonisation de peuplement – comme les Etats-Unis nous en fournissent l'exemple – qui se sont arrachées par la révolution à l'ordre ancien pour en fonder un nouveau. Telle qu'appliquée à ces nations nées de l'éclatement des premiers empires coloniaux mo­dernes, en effet, la proposition citée ci-dessus nous intéresse doublement. D'une part, la « politique identitaire » (ce que Hobsbawm appelle « les fins politico-idéologiques ») y est un élé­ment clé de la construction nationale. D'autre part, que ce soit aux Etats-Unis, en Australie, au Canada ou dans l'Afrique du Sud d'antan, les immigrants successifs qui ont hanté les côtes des terres nouvelles, qui les ont colonisées au nom de leur souverain puis

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