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Une révolution plus puissante que toutes les révolutions politiques s’est accomplie au sein de la société française, atteignant toutes les structures, la famille, l’Ecole, l’Université, l’Eglise, les mœurs. Elle a été entraînée par la combinaison de trois facteurs : une croissance économique sans précédent, la diffusion massive de l’éducation, et l’irruption permanente de moyens audiovisuels dans la vie individuelle. Entre 1950 et 1975, soit en vingt-cinq ans, à peine le temps pour les fils de la guerre de devenir pères, le produit national, en volume, a été multiplié par plus de trois, et la consommation réelle par tête par près de trois ; [..] L’espérance de vie des hommes a augmenté de six ans et celle des femmes de huit ans. La part de l’alimentation dans nos dépenses a diminué de moitié, celle de l’hygiène et de la santé a triplé. Le nombre de bacheliers a sextuplé .. Huit millions et demi de logements ont été construits. Il y a vingt-cinq ans, personne n’avait ni machine à laver ni télévision ; en 1975, sept ménages sur dix ont la première, neuf sur dix la seconde. En 1953, possédaient une voiture : 8% des ouvriers, 32% des cadres moyens, 56% des cadres supérieurs. En 1972, 66% des ouvriers, 86% des cadres moyens, 87% des cadres supérieurs. […] Dira t-on qu’il y a aujourd’hui, deux fois moins de paysans qu’en 1950 ? Ou qu’il n’y a plus de paysans du tout, au sens que ce mot avait il y a vingt-cinq ans ? Le paysan est réellement devenu un exploitant agricole, agent qualifié de l’économie. Il a changé comme a changé le blé qu’il récolte : ce sont d’autres espèces, plus éloignées de celles qu’il cultivait au lendemain de la guerre que celles-ci ne l’étaient des espèces cultivées trois siècles plus tôt. La puissance motrice installée chez l’exploitant agricole d’aujourd’hui est supérieure à celle de l’industriel d’autrefois. Quoi d’étonnant si sa façon de penser, de vivre et d’agir n’a plus