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Ici intervient, il est vrai, l'objection spécifiquement judaïque aussi comique que niaise, du pacifiste moderne : « L'homme doit précisément vaincre la nature ! »
Des millions d'hommes ressassent sans réfléchir cette absurdité d'origine juive et finissent par s'imaginer qu'ils incarnent une sorte de victoire sur la nature ; mais ils n'apportent comme argument qu'une idée vaine et, en outre, si absurde qu'on n'en peut pas tirer, à vrai dire, une conception du monde.
En, réalité l'homme n'a encore vaincu la nature sur aucun point ; il a tout au plus saisi et cherché à soulever quelque petit coin de l'énorme, du gigantesque voile dont elle recouvre ses mystères et secrets éternels ; il n'a jamais rien inventé, mais seulement découvert tout ce qu'il sait ; il ne domine pas la nature, il est seulement parvenu, grâce à la connaissance de quelques lois et mystères naturels isolés, à devenir le maître des êtres vivants auxquels manque cette connaissance : abstraction faite de tout cela, une idée ne peut l'emporter sur les conditions mises à l'existence et à l'avenir de l'humanité, car l'idée elle-même ne dépend que de l'homme. Sans hommes, pas d'idées humaines dans ce monde ; donc l'idée, comme telle, a toujours pour condition la présence des hommes et, par suite, l'existence des lois qui sont la condition primordiale de cette présence.
Bien plus ! Certaines idées sont liées à l'existence de certains hommes. Cela est surtout vrai pour les concepts qui ont leurs racines non pas dans une vérité scientifique et concrète, mais dans le monde du sentiment, ou qui, pour employer une définition très claire et très belle en usage actuellement, reflètent une « expérience intime ». Toutes ces idées, qui n'ont