GIONO
1932 : Cela faisait en ce jour douze ans que mon père était décédé. J’avais donc voulu lui rendre hommage en écrivant un récit autobiographique en lui louant tout mon amour et mon admiration. J’avais mêlé mon talent de créateur à celui d’écrivain romanesque afin de lui dédier une œuvre sincère et pleine de vivacité : « Jean le bleu ». Ma mère avait adoré ce roman, elle en avait même versé une larme ce qui était pour moi le plus beau des remerciement.
1934 : Aline était devenue la plus gentille des grandes sœurs à cette date. En effet, Elise me fit père pour la seconde fois d’une adorable fleur des forets, Sylvie. J’étais heureux et à la tête d’une jolie famille. Cet état de plénitude n’avait fait qu’exulter mon envie d’écrire à la gloire de la nature et de la vie.
1935 : J’ai toujours aimé la mélodie Oh Jésus que ma joie demeure de la cantate de Jean Sébastien Bach. En revanche, je n’en apprécié absolument pas les paroles lénifiantes de la prière qui l’accompagnait. Un jour de 1935, j’avais décidé d’écrire ma version de Oh Jesus que ma joie demeure. L’action de ce roman-poème se déroule sur le plateau de Gremone où réside Aurore et Joséphine deux lépreuses sauvées par le médecin Bobi. Que ma joie demeure décrit avec férocité la condition de l’homme, l’injustice qui le frappe, à contrario des paroles de cette cantate qui implore un dieu bienfaiteur. Cet œuvre avait connu un franc succès auprès de mes lecteurs.
1939 : Alors que j’étais en voyage au Contadoure, la déclaration de guerre arrêta net mon périple. Le charnier de la 1ere guerre mondiale m’avait suffi ; la nature n’a pas de frontière ; les hommes ne devrais pas périr