Guy de maupassant « sur l'eau » (1888)

757 mots 4 pages
A l’heure où le soleil se couche, le marais m’enivre et m’affole. Après avoir été tout le jour le grand étang silencieux, assoupi sous la chaleur, il devient, au moment du crépuscule, un pays féerique et surnaturel. Dans son miroir calme et démesuré tombent les nuées, les nuées d’or, les nuées de sang, les nuées de feu ; elles y tombent, s’y mouillent, s’y noient, s’y traînent. Elles sont là-haut dans l’air immense, et elles sont en bas, sous nous, si près et insaisissables dans cette mince flaque d’eau que percent, comme des poils, les herbes pointues.
Toute la couleur donnée au monde, charmante, diverse et grisante, nous apparaît délicieusement finie, admirablement éclatante, infiniment nuancée, autour d’une feuille de nénuphar. Tous les rouges, tous les roses, tous les jaunes, tous les bleus, tous les verts, tous les violets sont là, dans un peu d’eau qui nous montre tout le ciel, tout l’espace, tout le rêve, et où passent des vols d’oiseaux. Et puis il y a autre chose encore, je ne sais quoi dans les marais, au soleil couchant. J’y sens comme la révélation confuse d’un mystère inconnaissable, le souffle originel de la vie primitive, qui était peut-être une bulle de gaz sortie d’un marécage à la tombée du jour. Guy de MAUPASSANT, « Sur l’eau », Journal, 1888.

I- Une description picturale

A) Un texte descriptif au présent : verbes au présent, lexique de la vue, le « nous » de l’objectivité.

B) Les différentes phases du couchant : rouges, bleus, violets : on va vers la nuit. Texte enclos entre « l’heure où le soleil se couche » et « la tombée du jour ».

C) La peinture d’une réalité et la contemplation esthétique : Dans le 1er §, on trouve tout d’abord les couleurs du couchant : l’or, le sang, le feu ; mais les métaphores utilisées introduisent en outre une connotation dramatique. Puis, dans le 2ème §, les couleurs se multiplient, la palette se diversifie, avec un effet d’accumulation, tandis que les adverbes (« délicieusement,

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