Habbermas
Habermas introduit par conséquent une façon tout à fait différente de considérer l'impartialité. Il la définit comme suit :
« Seul est impartial le point de vue à partir duquel sont universalisables les normes mêmes qui, parce qu'elles incarnent manifestement un intérêt commun à toutes les personnes concernées, peuvent escompter une adhésion générale et gagner, dans cette mesure, une reconnaissance intersubjective32 » ( morale et communication p.86.)
3.1 Respecter les conditions d’une discussion universelle
En effet, l’éthique de la discussion, thématisée par J. Habermas, propose une procédure susceptible de trancher, de façon impartiale, des conflits d’intérêts et de garantir l’impartialité de la formation du jugement. La discussion pratique, en tant que telle, n’est pas ici un procédé destiné à produire des normes légitimées mais une procédure permettant de tester la validité de normes, examinées à titre hypothétique3. L’intérêt de la perspective d’Habermas est de préciser la façon dont, au sein d’une procédure de discussion et de légitimation de normes contestées, le point de vue d’autrui et, conséquemment, un souci impartial pour son bien-être peuvent être pris en considération sans toutefois que les partenaires de l’échange ne fassent abstraction ni ne renoncent à leurs convictions et intérêts personnels. L’éthique de la discussion permet ainsi de garantir un « égal respect pour tous » au sein et au terme de la discussion.
(3Voir J. Habermas, Morale et communication (1983), Paris, Flammarion, 1986, p. 137.)
La perspective ouverte par Habermas est donc spécifiquement utile pour notre réflexion puisqu’elle permet de dégager les conditions auxquelles une conciliation du personnel et de l’impersonnel est pensable et envisageable. D’une part, elle contribue à la reconstruction du noyau universaliste de nos intuitions morales, c’est-à-dire à l’identification d’un « point de vue moral »1 ayant une validité universelle et à