Hella Jongerius
Deux doigts d’humanité dans un monde de technologie

Repère

« L’émotion l’emporte sur la fonction, et mon rôle consiste à l’emporter sur le produit. »

Dans l’univers lisse et froid de la technologie, la designer hollandaise joue avec l’aléatoire, l’accident, le hasard de l’intervention humaine pour apporter à l’objet final sa charge émotionnelle.

Hella Jongerius aime ce qu’elle trouve sur le sol des usines – le rebut – comme elle aime la beauté des petites imperfections qui font la spécificité des objets faits main. C’est ainsi qu’elle trouve son inspiration, dans les processus industriels et leurs scories, dans l’association de matériaux innovants et de savoir-faire ancestraux. Depuis ces études en design industriel à l’Eindhoven Design Academy, elle combine technologie de pointe et artisanat (textile et céramique), culture industrielle et tradition. Elle donne ainsi naissance à des créations qu’elle veut avant tout pratiques et durables, à contre-courant de notre société ultra-consommatrice. Bien que l’Histoire ne l’intéresse pas particulièrement, elle se plonge régulièrement dans les catalogues de collections anciennes, à la recherche du galbe idéal auquel elle pourra insuffler son art. C’est d’ailleurs le moment du processus créatif le plus difficile pour elle : "quelle forme vais-je faire ?" Au cours de ses recherches, elle s’est familiarisée avec ces objets artisanaux dans lesquels on mesure les longues heures de travail qu’y ont consacré leurs créateurs, qualité qui, selon elle, fait défaut au processus industriel où le mot d’ordre est « Time is money ».

Les années « Droog Design »

En 1993, son diplôme de l’Académie d’Eindhoven en poche, elle rejoint une petite équipe de designers et de fabricants qui allaient constituer, un an plus tard, le célèbre collectif Droog Design. A l’aube des années 90, ce collectif allait faire souffler un vent d’impertinence au pays de Mondrian et De Stijl où, depuis le début du XXe siècle,