Histoire des relations internationales de 1890 à 1945
entre 1890 et 1945
À un siècle de distance, il est tentant, du point de vue de l'histoire de la mondialisation, de dresser un fort contraste entre une économie en croissance et transformation rapides dans le quart de siècle qui précède 1914, appuyée sur des échanges internationaux déjà très considérables, et une politique internationale aussi routinière que cynique et finalement agressive, qui mit presque gratuitement fin aux grandes espérances de "Belle Epoque"[1] en la faisant sombrer dans l'horreur de la guerre des tranchées. Pareille vision n'est pas sans fondement, mais doit être au moins nuancée: les relations internationales d'avant 1914[2] surent intégrer -insuffisamment- certaines préoccupations du monde nouveau, et en ce sens préparer l'avenir. Quant à l'entre-deux guerres, il est souvent encore jugé avec une très grande injustice. De ce que le système international centré sur la Société des Nations (SDN) n'a "tenu" que deux petites décennies, qu'il se soit révélé impuissant face à Hitler, on déduit fréquemment sa débilité intrinsèque et définitive. C'est oublier, et que les années trente connurent peut-être le contexte international le plus infernal de toute l'histoire, et que l'ONU, qui connut aussi (faut-il parler au passé?) d'interminables périodes de quasi-paralysie, ne fut pas pour grand chose dans le fait que les États-Unis et l'URSS ne se lancèrent finalement pas dans une Troisième Guerre mondiale: la bombe atomique (ou plutôt la terreur qu'elle inspirait) fut une garantie bien plus efficace que tous les accords et organismes internationaux. En fait, à peu près tous les principes nouveaux sur lesquels on tente toujours de construire un ordre international moins dangereux, plus humain, furent posés dès l'après-Première Guerre mondiale, et pour certains bien avant 1914.
I — Triomphe et premiers craquements du "concert des puissances":
jusqu'en 1914
A/ Les