Humain
La récente actualité ( le procès Papon qui a suscité des interrogations sur la notion de crime contre l'humanité ou la barbarie perpétrée en ex-Yougoslavie) pose en filigrane la question des limites que l'homme ne pourrait franchir impunément, sans que son statut même d'homme, son appartenance à la race humaine, ne soit remis en question. Les tortionnaires nazis et tous les criminels de guerre qui lui ont succédé auraient franchi cette limite, s'excluant eux-mêmes de ce qui fait l'homme, si bien que leurs actes ne peuvent nous paraître qu'inhumains. Mais la notion d'inhumain recouvre-t-elle une réalité objective ? De plus, l'inhumain est-il radicalement opposé à l'humain, ou au contraire ne participe-t-il pas de ce dernier ? Enfin, dire d'actes humains qu'ils sont inhumains, n'est-ce pas contradictoire ?
On peut, dans son approche la plus simple, considérer l'inhumain comme tout ce qui n'est pas humain. Il s'agirait dès lors d'un concept objectif qu'on ne pourrait remettre en cause : est inhumain tout ce qui ne relève pas de l'homme, qui lui est étranger. Mais appréhender cette notion sur l'unique plan du fait, d'une réalité objective, est par trop réducteur, voire incorrect. En effet, l'inhumain, s'il n'est pas humain, ne se confond pas pour autant avec le non-humain. Ce n'est pas en tant que non humain qu'un dieu pourrait être dit inhumain, mais seulement dans la mesure où il accomplirait des actions qui briseraient l'intégrité et la dignité des hommes. L'inhumain apparaît donc, non comme une réalité objective, mais comme une valeur : lorsqu'il est par exemple question d'un " traitement inhumain ", le constat se double d'une condamnation éthique. Tout ce qui attente à l'intégrité physique et à la dignité morale de l'être humain pourra être dit inhumain. Le terme d'inhumain relève ainsi de l'ordre de l'action : c'est pourquoi son sens est moral. En revanche, il n'en va pas de même avec l'humain, d'où une