Ideologie et meditation chez disney
Analyse sémiopragmatique du film Le Roi lion Pierre Barrette
C’est devenu un lieu commun aujourd’hui d’affirmer que les films d’animation issus de l’empire Disney reproduisent une idéologie conservatrice, fondée sur une conception passéiste et réactionnaire de la réalité sociale. C’est ainsi qu’on a pu dire de la narration du film Le Roi lion, un des plus gros succès des années 1990 au box-office, qu’elle défendait une position politique essentiellement monarchiste et anti-démocratique, une vision à l’intérieur de laquelle sont justifiées les inégalités sociales fondées notamment sur la race et le sexe. Mais aussi intéressantes que soient ces analyses de contenu qui se donnent comme objectif de faire parler les représentations – et considérant par ailleurs l’importance de conserver la notion d’idéologie au centre de la réflexion –, nous croyons pour notre part qu’elles sont insuffisantes, et ce d’au moins deux façons : 1) presque tous les modèles d’analyse textuelle font abstraction de l’espace de communication à l’intérieur duquel fonctionne ou est censé fonctionner un film, préjugeant pour l’essentiel de l’universalité de la lecture qu’ils proposent et négligeant par le fait même le processus de médiation à l’œuvre au moment de l’appropriation du film par son spectateur; 2) dans la mesure où les analyses textuelles ne s’intéressent qu’au contenu manifeste des films (personnages, dialogues, figures, actions, etc.), elles restent presque toujours à la surface du texte, négligeant par là les structures profondes (schéma d’actants et structure narrative, investissement symbolique des catégories d’espace et de temps) par où un texte individuel rejoint des formes archétypales. Nous faisons pour notre part le pari que la perspective sémiopragmatique permet de combler une partie de ces lacunes, si tant est qu’elle élargit le cadre d’investigation du texte vers le contexte, ouvrant l’analyse à une prise en charge des