IMAGES ET SYMBOLES

Vivre en bonne intelligence avec quelqu’un, c’est le comprendre et en être compris. A l’inverse, la mésintelligence est très exactement le malentendu. Ne pas s’entendre, c’est déjà se battre et s’entendre, faire amitié. Il est bien rare qu’on estime indispensable un examen minutieux, suivi d’une longue délibération avec soi-même avant de décider si l’on s’entendra ou non avec quelqu’un. A partir de l’expression d’un visage ou des inflexions d’une voix, on passe immédiatement à ce qu’on croit être la connaissance de la personne, la vision intérieure d’une autre intériorité.

Cette préhension par l’intelligence (ou par l’intuition ou bien encore par l’esprit) s’entend bien au-delà de l’expérience sensible. Elle constitue ce que Simone Weil nomme une lecture, étant précisé qu’on lit de la même manière un poème ou un monument, une physionomie ou un paysage. La pensée du lecteur devance toujours l’analyse. Elle ne s’arrête pas aux détails dont elle n’a que vaguement conscience. Elle est en quête d’une réalité, d’une entité qu’aucune définition ne circonscrit. La lecture ne porte jamais que sur des signes et chaque objet déchiffré se réduit en effet à son chiffre. Autant dire qu’il est devenu pour l’observateur une combinaison de l’image et de l’idée (ce qui rappelle la conception platonicienne de l’idée) car toute idée est d’abord image. Et une idée enveloppée dans une image, c’est un symbole. Le symbole est donc primordial autant qu’universel. Il alimente indifféremment le langage des mathématiciens, celui des théologiens et celui des poètes. Il est une représentation non seulement du monde extérieur, mais aussi du cours de nos pensées.

Cela étant posé, la lecture des symboles n’est pas réservée à des initiés, bien qu’elle soit privilégiée par les cercles ésotériques. Elle est liée on ne peut plus étroitement à l’acquisition des connaissances et, au-delà, à la construction d’une culture. Avant de voir cela, il est bon d’écarter une