Impression d initiation
Je n’avais aucune idée de la franc-maçonnerie. J’étais directeur d’association dans les Côtes d’Armor, et l’un des administrateurs de l’association, appelons-le Pierre, aujourd’hui décédé, était un homme absolument admirable, un « saint laïque », pourrait-on dire. Il fut de tous les combats, philosophiques, politiques, associatifs... Ancien franc-maçon et ayant gardé des attaches, il me coopta. C’est sur ce Pierre, grand athée et libre-penseur devant l’Eternel, que j’avais bâti mon église franc-maçonne. Lorsqu’on postule pour entrer au GODF, on reçoit trois enquêteurs qui viennent dialoguer avec vous. Ensuite, on doit passer un examen en loge, « sous le bandeau ». On est introduit dans le « temple » les yeux bandés, puis on est soumis aux questions des frères présents : les motivations, des questions philosophiques, religieuses, d’actualité, etc. Ensuite, le postulant est sorti du temple et les frères votent. A l’époque où j’étais FM, la plupart des postulants étaient admis. En plus de dix ans, je ne sais pas si j’ai vu trois refus (on appelle cela « blackboulés » car les frères votent par boules noires (refus) ou blanches (admission), une boule noire valant trois boules blanches. Si j’avais accepté l’offre de Pierre de rentrer au GODF, c’était notamment parce que je considérais la franc-maçonnerie comme une école de pensée, bien différente du monde extérieur (du monde « profane »). En effet, les diverses règles ou rituels qui étaient en vigueur permettaient une meilleure écoute, une expression de la pensée, de plus vastes analyses que, par exemple, la lecture des journaux. Et c’est un journaliste qui parle ! Surtout, la franc-maçonnerie est une école de la tolérance, il ne s’agissait pas de « laisser-faire », mais au contraire, d’un esprit de tolérance venu des Lumières, jaloux de ses convictions. Cela me convenait. Mais il était également évident que d’autres frères étaient entrés pour améliorer leurs affaires, pour se faire des relations,