Interpretation la bohème arthur rimbaud
3085 mots
13 pages
fantaisie : Michel Décaudin a consacré une étude particulière à la notion de "fantaisie" chez Rimbaud. Il cite d'abord diverses définitions de dictionnaires du XIX° siècle dont celle-ci : "Fantaisie, se dit aussi, surtout en termes de Peinture et de Musique, des ouvrages où l'on suit plutôt les caprices de son imagination que les règles de l'art, mais sans abandonner tout à fait ces dernières" (8° sens, dans le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1879). Michel Décaudin note l'usage croissant du mot "fantaisie" dans le domaine de la théorie esthétique, au milieu du XIX° siècle, notamment chez Baudelaire. La notion est utilisée par ce dernier, dans ses Salons, pour caractériser une catégorie d'œuvres d'art où dominent la recherche de la singularité, le recours au merveilleux, voire au fantastique, au risque de négliger la fidélité à la nature et la régularité de la forme. Le sous-titre de Ma Bohème lui paraît conforme à cet usage du mot "fantaisie". Il écrit : "Ma Bohême est, on le sait, désigné comme une "Fantaisie". Cette particularité est d'autant plus curieuse que ce sonnet termine non seulement le manuscrit établi à Douai, mais, dans ce manuscrit, une suite de sonnets tous écrits en octobre, ou du moins datés d'octobre, qui évoquent sa traversée de la Belgique pour rejoindre Douai. Or cet ensemble est caractérisé par une appropriation du réel familier par la poésie, où s'ébauche une technique impressionniste avant la lettre [...]. Nous sommes en présence d'une poésie du concret, des choses, comme dira plus tard Verlaine à propos de ses propres recherches, à laquelle s'oppose l'évasion de Ma Bohème. Le sous-titre - qu'on dirait plutôt un sur-titre - de "Fantaisie", n'est-il pas destiné à souligner ce qui fait la différence de ce dernier sonnet? Les précédents étaient des choses vues, ou voulues telles (ce qui est sans importance pour le lecteur), une série de cartes postales; celui-ci nous entraîne dans un monde imaginaire [...] Il ne s'affranchit