Introduction à la philosophie de l'art
Le mot art est ambigu. Il peut renvoyer à la technique ou bien aux beaux-arts, au travail de l'artisan ou à celui de l'artiste. Dans le sens plus général, l'art signifie une production humaine, quelque chose que « l'homme ajoute à la nature ». Mais, tandis que l'activité artisanale est orientée par des préoccupations utilitaires, l'activité de l'artiste vise une valeur spécifique: le beau. Ce qu'on appelle l'esthétique, n'est pas autre chose que la réflexion philosophique sur l'art. Réfléchir sur l'art c'est donc avant tout élucider le sens de cette valeur particulière qui est le beau. Réfléchir sur l'art c'est également questionner le rapport de l'art avec la religion, sa valeur comme faculté de résilience, ses rapports avec l'économie culturelle. Nous pourrions également questionner le statut de l'art dans les diverses civilisations afin de mesurer son importance dans la vie collective.
Mais au fond, qu’est-ce que l’art ?
Nul ne sait ce qu’est l’art, nous n’avons jamais à faire qu’à la diversité infinie des œuvres et rien ne nous autorise de parler de « l’art » comme si ce terme avait un sens univoque. Pourtant il faut bien que nous ayons une certaine idée de l’art pour pouvoir identifier comme œuvres d’art un certain nombre d’objets. Cette idée est néanmoins incroyablement floue et élastique; est-il possible de la préciser ?
Selon notre conception contemporaine, l’art semble s’adresser à tous si l’on tient compte des moyens de communication de masse qui sont en activité. Nous sommes même parvenus à spéculer sur l’art dont le succès se mesure désormais en nombre d’entrées. Les historiens soulignent ce qu’ils nomment « le culte du nouveau », cette tendance à rechercher systématiquement l’inédit ; la provocation risquant de devenir la seule finalité de l’art.
La facilité apparente de l’accès aux œuvres d’art entre en contradiction avec le fait que l’œuvre est sensée être le reflet d’une individualité qui exprime son