Peut-on convaincre quelqu'un de la beauté d'une oeuvre d'art ?
Longtemps les hommes se sont contentés de décorer, d’orner, de rendre beaux des objets à caractères utilitaires ou religieux. Une amphore peinte, une statue égyptienne… ne sont pas des œuvres d’art. C’est avec les Grecs que l’art acquiert son autonomie et naît à proprement parler en tant que production d’objets, comme le tableau ou la fresque, dont la seule fonction est de plaire aux sens. La beauté que l’art grec de la période classique cherche à atteindre répond à des critères objectifs. Praxitèle ou Phidias, pour ne citer qu’eux, cherchent en effet à reproduire dans leurs œuvres les belles formes de la nature. Or la beauté n’est pas, pour eux, un ressenti subjectif mais une propriété objective de la chose : est beau ce dont la forme, par sa simplicité ou sa symétrie, s’impose au regard. Le cercle, la sphère, les formes et volumes géométriques les plus simples sont aussi les …afficher plus de contenu…
Juger esthétiquement une œuvre d’art, ce n’est pas dire en quoi elle est belle et espérer convaincre que l'on a raison ; c'est seulement essayer de transcrire verbalement ce que sa beauté nous donne à penser, à rêver, à imaginer en elle. On peut formuler les effets de l’expérience esthétique, mais jamais expliquer pourquoi telle ou telle apparence la provoque. La beauté opère toujours sur fond de mystère, dans l’amour comme dans l’art. Elle est toujours rencontrée comme un miracle : comment cette chose, extérieure à mon esprit, peut-elle entrer si bien en résonnance avec mes propres associations de pensées, mes propres rêveries ? Tout se passe comme si les formes de ces nuages se prêtaient au jeu de mon imagination et déliraient avec moi ! Tout se