Chaque époque a sans doute les monstres qu'elle mérite mais il en est qui nous fascinent tout particulièrement : les êtres dotés d'aucune anomalie physique mais qui révèlent une terrible perversité comme ces deux monstres sacrés, le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, personnages des Liaisons Dangereuses, roman de Pierre Choderlos de Laclos, auteur du XVIIIème siècle. Ce roman a été publié en 1782, et Les Liaisons Dangereuses connaissent un grand succès. Il s'agit d'un roman épistolaire, composé de lettres que s'échangent plusieurs personnages. Les deux personnages principaux sont de dignes représentants du libertinage, dont il est principalement question dans ce roman. Le mouvement libertin est issu de l'influence des idées des philosophes des Lumières : le rationalisme, l'observation et l'expérimentation dans le libertinage. Dans ce passage, le vicomte a réussi à charmer et à se faire aimer de Mme de Tourvel. Seulement, jalouse de Mme de Tourvel et de l'amour qu'elle inspire à Valmont, la Marquise de Merteuil cherche à porter le coup de grâce à sa rivale. Elle envoie ainsi cette lettre au Vicomte de Valmont afin de le mettre en garde vis-à-vis de son comportement amoureux, qui lui fait perdre sa condition de libertin.

On se demandera quel est l'impact de cette lettre qui, sous des aspects de petite anecdote et de désinvolture, est un véritable coup de poignard et fait entrer le roman dans la tragédie.
Dans une première partie, nous verrons que cette lettre est un apologue, qui a comme visée de faire passer une morale au destinataire. Nous verrons qu'il s'agit d'abord d'un texte anecdotique, léger, mais aussi un récit miroir.
Puis dans une seconde partie nous verrons que derrière l'a­spect anecdotique de cette lettre se cache une lettre cruelle, une lettre de libertin.
Pour finir nous verrons dans une troisième partie que cette lettre est en fait une double mise à mort, qui condamne Mme de Tourvel d'un côté, et qui annonce la défaite de Valmont