Introduction flaubert ; madame bovary "j'adore la mer"
Au moment de commencer Madame Bovary, Flaubert venait d’écrire La Tentation de Saint Antoine, évocation hallucinée de toutes les hérésies, et avait soumis son ouvrage à l’appréciation de ses amis Du Camp et Bouilhet. Les deux critiques conseillèrent alors à Flaubert de renoncer au lyrisme et de purger son esprit trop imaginatif en se consacrant à une histoire triviale. Sous forme de boutade peut-être, ils lui proposèrent de romancer une aventure sordide qui avait défrayé la chronique de Ry : l’adultère, l’endettement et pour finir, la ruine et le suicide de l’épouse du médecin Delamare. Flaubert allait entreprendre la rédaction de Madame Bovary. Son roman serait-il une oeuvre réaliste comme le souhaitaient ses amis ? N’y retrouverait-on pas les traces d’une propension à une rêverie grandiose ? Flaubert pourrait-il discipliner ses tendances profondes ?
Nous sommes dans MB II, 2. La vie de couple des Bovary, tout au long de I, a dégénéré jusqu'à devenir insipide et monotone. Charles, privé d'ambition, ne répond pas aux attentes d'Emma d'une vie exaltante. Après le bal à la Vaubyessard, Emma s'ennuie et sombre dans la dépression tandis que Charles, à contre-c?ur, décide de partir à Yonville, alors que Madame Bovary est enceinte.
Dans cet extrait, où elle rencontre Léon, avec qui elle trompera Charles, on voit comment Flaubert fait d'Emma Bovary le symptôme d'un romantisme d'autant plus ridicule qu'il consiste dans une aspiration à la singularité des grands sentiments, mais que cette « singularité » est en fait une mode, et finalement se réduit en la répétition inspirée de simples