Introduction à la poétique de la rupture dans la scène capitale de p.j.jouve
DE PIERRE JEAN JOUVE
Hédia Abdelkéfi Université de Tunis El Manar
A moi qui cultivai contre cent impostures Un arbre seul et deviné et vu grandir, Que toujours soit donnée une langue inventrice L'interrompu l'irrationnel et le niant, Et tant que le lourd souffle, aiguisée et très neuve L'ascèse ! avec abstraction des profondeurs. Je ne veux de cloison avec l'œuvre ni l'âme D'aucun son créateur au gouffre de mon temps. Pierre Jean Jouve[1]
Depuis l'avènement de la théorie structuraliste, la problématique de l'énonciation n'a cessé de solliciter la recherche, élargissant ainsi son champ d'action du domaine de la linguistique à celui des sciences humaines. Appliquée au texte littéraire, elle a donné lieu à une méthode d'analyse d'inspiration linguistique tendant à se constituer elle-même en science, la narratologie, dont relève plus d'une terminologie : poétique narrative, sémiotique narrative, grammaire textuelle ou linguistique textuelle recouvrent à peu près la même conception d'une méthode d'analyse étroitement axée sur le réseau de relations tissées par la structure d'un récit et le fonctionnement du langage dans ce récit. Guidée par les perspectives ouvertes par cette approche qui n'a cessé de féconder la recherche, notre attention s'est portée vers la littérature contemporaine et plus particulièrement vers les œuvres ayant partie liée avec ce qu'on appelle "la crise du roman", à la recherche d'un texte narratif où la question de l'énonciation trouve une expression privilégiée et dont l'écriture permet de déceler quelques signes d'originalité et d'imprévisibilité pour ne pas dire de