Mais la pièce est également une comédie, dans le sens où Ionesco y introduit des éléments provoquant le rire. Ainsi, le comique apparaît sous plusieurs formes. D’abord, le comique de caractère est observé. Par exemple, les répliques impertinentes de Juliette lorsqu’elle s’adresse à Marguerite, étonnent car le respect dû à la royauté est peu visible. Cet écart, entre la dignité royale attendue et la trivialité quotidienne, continue avec Bérenger qui, par sa personnalité dévoilée par ses propos et ses gestes, est l’un des personnages les plus comiques de la pièce. Oscillant entre vieillard sénile et enfant capricieux, Bérenger est à l’opposé de l’image d’un roi, qui possède des caractéristiques nobles et dignes. Ainsi, dans une tirade plaintive, il a recours à des termes enfantins comme « Petit soleil ! ». Ce décalage entre le statut du personnage et sa personnalité participe de la désacralisation du roi, et contribue au comique de caractère. Ce fait est appuyé par la perte de crédibilité du Roi. De plus, il y a un décalage entre l’annonce de la mort du roi, au caractère tragique, et la précision du médecin, qui ajoute que Bérenger, mort, n’aura donc pas de petit déjeuner le lendemain. La banalité de sujets comme le repas, ainsi que la minimisation de faits graves tels que la mort du roi, contribuent à créer une atmosphère décalée et absurde, et participent ainsi du comique : tout est dérisoire dans la pièce.
Le Roi se meurt est donc une œuvre comique et tragique. Le terme de tragicomédie peut être utilisé pour qualifier cette alliance, que l’on retrouve d’ailleurs chez d’autres dramaturges du théâtre de l’absurde, tels que Samuel Beckett, auteur notamment de En attendant Godot. La visée de Ionesco dépasse en effet le rire du lecteur/spectateur : l’auteur montre dans cette pièce l’absurdité et le caractère tragique de la vie de l’homme qui ne peut lutter contre la force implacable que représente la