Fin de partie, beckett
A propos d'En attendant Godot, Beckett déclarait : « Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt ». En effet, le théâtre de l'absurde se caractérise par une rupture avec l'engagement, l'idéologie, le réalisme-naturalisme. Ce faisant, peut-on dire de Fin de partie qu'elle est une pièce du théâtre de l'absurde ? Par le refus du didactisme et de l'idéologie (I), par le refus du réalisme mais également de l'intrigue et du personnage (II), par le refus d'un théâtre littéraire fait de conventions (III), Fin de partie a toutes les caractéristiques du théâtre de l'absurde.
I] La mise à l'index de l'idéologie et du didactisme
Le lecteur profane qui découvre Beckett à travers Fin de partie fait l'expérience de l'absurde et du non-sens. En effet, il n'est pas question, une fois la pièce terminée, d'en tirer « un sens plus large et plus élevé ». Beckett refuse la visée critique ou philosophique. D'ailleurs, lorsque Hamm craint de « signifier quelque chose » (p. 47), Hamm lui réplique : « Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne ! ».
En conséquence, tout didactisme est exclu de Fin de partie, ce qui est une caractéristique première du théâtre de l'absurde. De la même manière, il y a un refus du réalisme, de l'intrigue et même du personnage.
II] La mise à l'index du réalisme, de l'intrigue et du personnage
La description initiale de la scène est représentative de cette idée de refus du réalisme : « Accroché au mur, près de la porte, un tableau retourné » (p. 11). Hors du temps, hors de l'espace, la pièce est également loin de la réalité. Il en va de même pour des personnages dont la personnalité et l'identité sont mouvantes. Hamm paraît aussi bien être un Seigneur qu'un rustre suivant les moments de la pièce. En cela, Beckett montre combien il refuse que sa