Irak
Cinq ans après avoir envahi l'Irak avec 190 000 GI et 60 000 Britanniques - qui ne sont plus que 5 000 -, cinq ans après avoir essayé de réaliser l'impossible rêve néoconservateur d'instaurer la démocratie par la force dans le monde arabe avec, entre autres, l'objectif de renforcer la sécurité d'Israël, cinq ans après avoir débarrassé la région d'une de ses plus brutales dictatures, l'Amérique est embourbée dans une impasse. La "stratégie démocratique" a été abandonnée en chemin, l'ambition n'est plus que de parvenir à stabiliser la situation.
L'Amérique a perdu 4 000 soldats, et 29 000 ont été blessés. Mais elle ne contrôle toujours pas le pays, pas même les 16 km d'autoroute qui séparent sa "zone verte" ultrafortifiée au coeur de la capitale de l'aéroport de Bagdad. Après avoir dissous toutes les forces de sécurité irakiennes - "une grave erreur", admet-on à présent -, elle a dépensé plus de 20 milliards de dollars pour entraîner et équiper 250 000 policiers et 160 000 soldats irakiens dont les chefs disent eux-mêmes qu'au mieux ils ne seront pas prêts à prendre seuls en charge la sécurité nationale "avant 2012", et celle des frontières "avant 2018". L'armée américaine est épuisée, "incapable", disait l'amiral William Fallon avant d'être contraint à la démission la semaine passée, de "combattre sur un autre front" qui ne serait pas, cette fois-ci, "choisi" comme en Irak, mais imposé.
Par ses mensonges, l'administration Bush a gâché, pour longtemps, l'image et le crédit des Etats-Unis à travers le monde. Le conflit d'Irak a contribué au quadruplement des prix du pétrole en cinq ans. Malgré les milliards de dollars injectés dans l'exploitation, la production irakienne, troisième du monde avant 2003, n'est même pas encore revenue à son niveau d'avant-guerre. Même chose pour la distribution d'eau potable - dont 40 % des populations sont désormais privées - et d'électricité, dont la majorité des Irakiens, à commencer par les 5 à 6 millions de