Janus
Les Lumières et la Franc-Maçonnerie
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Si la franc-maçonnerie a traversé le Siècle des Lumières sans perdre de sa spécificité alors qu’autour d’elle s’accomplissait un fondamental changement de société, c’est parce que, respectueuse d’un lointain passé, elle cultive des moyens d’existence dont elle poursuit la pérennisation. En trois mots : héritage, progrès, transmission. Alors, demandons-nous : qu’a-t-elle donc reçu et qu’en a-t-elle donc fait ? Issue des corporations de bâtisseurs, ces jalouses gardiennes d’autonomie, la franc-maçonnerie e opérative, dès le XV siècle, mêlera les domaines professionnel, philosophique et religieux, tout comme dans les associations de métiers qui l’ont précédée. Par exemple : Sur l’ensemble du vaste empire romain, les loggias développaient leurs propres techniques et vénéraient leurs dieux tutélaires. Mais à partir de Constantin qui se fit chrétien, elles christianisèrent leurs rituels et se donnèrent de saints patrons. Sous le servage du Moyen-âge, les loggias disparurent peu à peu. Ce qui va rester d’elles se mettra sous la protection des monastères afin de bénéficier des privilèges de l’Eglise, fondant des guildes et des confréries qui, avec les Templiers, sous l’appellation de francs- métiers se voueront à la construction des cathédrales. Enfin, au XVe siècle, apparaissent les Francs-maçons, dénomination que l’on repère grâce aux “Old Charges” (les anciens devoirs), manuscrit contenant les règles professionnelles et morales de la corporation. En 1723, Anderson et Désagulier s’en inspireront. C’est à partir de là que l’on compte le début du Siècle des Lumières que l’on arrête arbitrairement sous Napoléon en 1810. Depuis toujours, les associations de bâtisseurs on eu pour vocation la défense de la profession, de leurs membres et de leurs protecteurs. Mais sans aucun doute, ce sont les métiers de la construction qui ont suscité les corporations les plus précoces et les