Je est un autre
Rimbaud avait écrit : « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. »
Rimbaud demande à ce que le poète soit « voyant ». Comment le poète réussit-il à voir les expériences des autres ? Comment réussit-il à refléter la vérité de chacun dans sa poésie ? Rimbaud dit : « Je est un autre. » Comment pourrait-il être sa propre personne et celle de l’autre ?
Rimbaud met en évidence certaines conditions qui, selon lui, devront se présenter chez tout poète qui tend à faire acquérir à sa poésie une fonction bien définie. On remarque dans la citation de Rimbaud un sens contradictoire qui pourrait être une signification plus simple et plus évidente. Rimbaud exige que le poète ait une certaine vision, il pense que le poète doit être « voyant » dans le sens où il doit se rendre compte de certaines situations qu’une personne ordinaire ne pourrait probablement pas voir. Donc, le poète, selon Rimbaud, doit être une personne éveillée et habile en matière d’analyse psychologique et sociologique. Mais pour disposer de cette aptitude à avoir une vision critique des phénomènes et des personnes, il faut que le poète s’engouffre dans un état de transe où il fait voyager ses sens à travers ses états d’âme les plus divergents et ses expériences les plus émouvantes.
Rimbaud est un poète qui a tant souffert de son vivant, c’est pourquoi il trouve que sa poésie ne réussira jamais sa fonction sauf s’il s’engage entièrement dans l’élaboration de ses écrits à partir des sentiments