Jusqu'avant
On oppose souvent en l’homme et hors de l’homme ce qui relève de la nature et ce qui relève de la culture. Cette distinction théorique est peut-être utile pour ne pas croire que sont naturels des comportements inventés, voire pour éviter l’ethnocentrisme qui fait considérer que tout ce qui n’est pas familier est barbare ou sauvage. Reste que concrètement, il n’est peut-être pas si simple que d’opérer une telle coupure. C’est dans ce sens que Merleau-Ponty tente dans ce texte d’examiner la pertinence de cette distinction.
1) Merleau-Ponty veut montrer que les comportements humains ne peuvent se distinguer en culturels et naturels.
L’extrait commence par l’exposé de deux exemples où l’auteur nie la pertinence de la distinction entre le naturel et le conventionnel, à savoir crier dans la colère et embrasser dans l’amour qu’il compare au fait d’appeler table l’objet table. Pour l’exemple du baiser en amour, une note précise qu’il n’était pas d’usage dans la culture traditionnelle du Japon. On comprend donc que le comportement n’est pas simplement naturel comme on pourrait le croire de même que crier dans la colère. Par contre, l’objet table peut être nommé table en français, « Tisch » en allemand « mesa » en espagnol. Là, l’auteur nie que la nomination soit seulement conventionnelle.
Il généralise ensuite ses exemples en indiquant que tout ce qui relève de l’affectivité ou du désir est créé comme le sont les mots, c’est-à-dire est conventionnel. Il va jusqu’à prendre comme exemple ce qui semble une réalité purement physiologique, la paternité, pour en manifester le caractère aussi culturel. Une note précise que la paternité est inconnue chez les indigènes des îles Trobriand [des atolls qui se situent au large de la Nouvelle-Guinée dans le Pacifique qui ont été étudiés par l’anthropologue polonais Bronislaw Malinowski (1884-1942) notamment dans La vie sexuelle des