Kant dans la pensee philosophique arabe
Kant est certainement l’un des centres d’intérêt importants de la réflexion philosophique occidentale au cours du vingtième siècle et de nos jours. En France, par exemple, il est d’une grande influence sur les productions en philosophie et constitue une pièce maîtresse des programmes français relatifs à cette discipline. Nous pouvons donc nous interroger, à juste titre, s’il a une place quelconque dans la pensée philosophique arabe contemporaine. C’est ce dont nous allons nous occuper dans cette présente étude. Notre but n’est ni de faire connaître la pensée kantienne, ni d’apprécier les travaux arabes qui l’auraient traitée, mais seulement de dégager une certaine idée d’une réception possible chez les philosophes arabes du temps présent en essayant de respecter, dans la mesure du possible, la chronologie de leurs recherches (1). Nous essaierons, donc, de trouver les traces des philosophes arabes actuels qui auraient traduit ou commenté les textes kantiens qui se situeraient dans l’une ou l’autre des rubriques de la grande division classique de la philosophie kantienne, à savoir : a) La pensée théorique que représente la Critique de la raison pure et ses racines précritiques. b) La pensée pratique que contient surtout la Critique de la raison pratique et sa propédeutique, la Métaphysique des mœurs. c) La pensée esthétique et téléologique que renferme essentiellement la Critique de la faculté de juger. d) La pensée historique, politique, religieuse et pédagogique qui est éparpillée dans l’œuvre de notre philosophe, mais dont la période post-critique est un champ préviligié.
I. La philosophie théorique :
À y voir clair, les Arabes d’aujourd’hui ont traduit les deux œuvres théoriques principales : Madame Nasli Ismaïl a traduit, en effet, en 1968 les Prolégomènes à partir du français. Partant de l’Allemand Abderrahman