Kant, idée d'une histoire universelle
- Le mot histoire est dérivé d’un mot grec qui signifiait enquête. Ce mot possède deux significations principales. Il y a d’une part l’histoire qui est écrite par les historiens; son but est la connaissance du passé des sociétés humaines ou, comme l’écrit Raymond Aron, “ la science que les hommes s’efforcent d’élaborer de leur devenir ”. Il y a d’autre part l’histoire comme succession des événements historiques ou comme devenir de l’humanité. Le mot histoire peut donc signifier soit l’ensemble des changements, des événements qui ont eu lieu, soit la connaissance que l’on peut prendre du passé, le récit qui peut en être donné. L’histoire comme connaissance du passé et devenir historique. - Ces deux définitions sont, en réalité, liées.
- En effet, si l’histoire est l’ensemble des changements qui se sont succédé dans les sociétés humaines dans tous les domaines d’activité - technique, économique, politique, religieux, artistique, une histoire, quelle qu’elle soit, n’est connaissable qu’à partir du moment où des documents écrits ont été consignés. L’histoire comme connaissance a elle-même d’ailleurs une histoire puisqu’elle n’a pas toujours existé et qu’elle s’est profondément transformée au cours des siècles (l’histoire de l’histoire : l’historiographie).
- D’autre part, la conscience du passé est constitutive de l’existence historique : tant que nous n’avons pas conscience de ce que nous sommes et de ce que nous fûmes, nous n’accédons pas à la dimension propre de l’histoire. En cela, l’histoire comme connaissance est prise de conscience de l’humanité; elle tente de donner un sens et une valeur à l’action humaine. L’histoire correspond alors à l’exigence proprement humaine de garder la trace ou le souvenir de ce qui s’est passé, de donner un sens, une raison, une valeur à l’existence passée, présente et future. - Cette ambiguïté du mot histoire renvoie à la fois au problème de la connaissance historique (il s’agit de