L_humaine_condition_chez_Montaigne_et_Descartes_ _article

11179 mots 45 pages
Le discours de l’humaine condition.
Descartes imitateur ironique de Montaigne.

A M. François Rigolot,

Il est difficile de mettre en rapport les pensées de Descartes et de Montaigne sans être saisi à la fois par la force de leur opposition, et par les échos manifestes de leurs pensées. La première partie du Discours de la méthode de Descartes est souvent à la limite de pasticher Montaigne. Les commentateurs n’ont pas manqué de le souligner. Il s’agit là, selon Brunschvicg, d’un ouvrage que dès la première phrase [Descartes] met sous le parrainage de Montaigne. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». La formule passe pour l’axiome caractéristique par excellence de la pensée cartésienne, qui suffirait pour en laisser prévoir les thèmes principaux. En fait c’est une simple citation des Essais : « [A] On dit communément que le plus juste partage que nature nous fait de sa grâce, c’est celui du sens. » (II, XVII, 6571). Montaigne poursuit : « car il n’est aucun qui ne se contente de ce qu’elle lui en a distribué. » Motivation ironique dont Descartes hérite à son tour : « car chacun pense en être si bien pourvu que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont. »2

Autre indice de filiation : on imagine mal aujourd’hui un texte servant de préambule à un traité scientifique théorique comporter, outre la définition de sa « méthode », des dimensions autobiographiques comme celles du Discours. Cette autobiographie de Descartes rappelle de nombreuses caractéristiques des Essais. On a d’abord un même rejet du dogmatisme se faisant passer pour certitude. On trouve chez les deux auteurs un même constat quant à l’absence de connaissance véritablement solide de la culture lettrée et scientifique de leur époque et une même remise en cause de la prétendue certitude des discours philosophiques dont débattent les écoles :
J'ai été nourri aux lettres dès mon enfance; et, parce

en relation

  • Enfant de la ville
    697 mots | 3 pages
  • Fondation orange bts
    1350 mots | 6 pages
  • Mlklmkmlk
    979 mots | 4 pages
  • Andy Warhol
    2745 mots | 11 pages
  • Les variants informels de très
    2971 mots | 12 pages
  • Dewitte
    3361 mots | 14 pages
  • Don juan, molière, acte iv scène 2
    1984 mots | 8 pages
  • Descarte- philosophes médiévaux
    922 mots | 4 pages
  • Montaigne Des Cannibales
    613 mots | 3 pages
  • Annalyse chap 13
    502 mots | 3 pages
  • Dissert
    681 mots | 3 pages
  • La bruyère dissertation
    2507 mots | 11 pages
  • Peut-on dire "à chacun sa vérité"?
    2921 mots | 12 pages
  • Philosophie de leibniz, philosophie des lumières, optimisme et anabaptiste
    416 mots | 2 pages
  • Introduction generale au cours de philosophie tlea2
    484 mots | 2 pages