La caricature anticléricale et la séparation de l'eglise et de l'etat
« Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! »
Beaumarchais.
Caricare signifie changer. Pratique qui passe par les grossissements des traits, elle est utilisée depuis des siècles. Sous l’apparence d’un dessin, la caricature, plus qu’une œuvre d’art, est une arme, aujourd’hui interdite dans certains pays (Maroc, Japon, Thailande).
Utilisée pendant les guerres de religion et mise au service de la puissance de l’opinion, la représentation qu’elle donne du monde va en perturber l’ordre. C’est une manière d’affirmer sa liberté d’expression. A partir de 1848, un relâchement de la censure permet une floraison de caricatures, s’attaquant principalement à la religion.
L’association entre le rire et le sacré est ancienne : Homère narre le récit de ces Dieux grecs qui se riaient des hommes. Est-il légitime d’inverser les rôles et que les hommes tournent le sacré en dérision?
Il va s’agir d’un puissant moyen permettant de bouleverser les mentalités et réduire le rôle social que jouait jusqu’alors l’Eglise.
Quel est alors l’impact des caricatures anticléricales dans la séparation de l’Eglise et de l’Etat à la fin du XIXème ?
I. La caricature, du pouvoir de l’image à l’arme de propagande
« Enseignement par les yeux » : pour renforcer la croyance des classes les plus basses, après le Concile de Nicée, les iconolâtres sont victorieux. L’image doit rendre le divin crédible. Son utilisation va alors servir aux mains des anticléricaux le dessin inverse, la désacralisation par le rire : message passe mieux lorsque stimule des émotions positives. Arme de propagande, grâce à l’invention de l’imprimerie, la caricature est accessible aux diverses couches de la société. Le genre connait son apothéose au 19ème, alors que de très grands talents se font connaitre (Daumier, Grandville, Philipon),et que la censure se fait moins ferme,(liberté de