La chevelure beaudelaire
D’abord ce que l’on comprend en lisant ce poème, c’est que le poète, pour échapper à la réalité de l’angoisse, se réfugie dans l’amour et le désir d’une femme réelle. Cet amour se révèle à travers les sens du poète, à travers le fait qu’il prend plaisir à respirer la chevelure de la femme, à s’y perdre, jusqu’à ce qu’émerge des souvenirs lointains : «Où je hume à longs traits le vin du souvenir? […] mon âme peut boire / à grands flots le parfum ». Le poète mélange les sens en utilisant la synesthésie où il s’enivre de souvenirs par l’odorat ainsi qu’en dégustant l’odeur du parfum. Son amour est révélé à travers le plaisir des sens confondus (fusionnés): « Je m’enivre ardemment des senteurs confondues ». Il utilise à profusion ses sens, ses sensations, ses désirs pour s’approcher de la femme : « Je la veux agiter / parfum chargé de nonchaloir! / forêt aromatique / voguent sur la musique / je plongerai ma tête / loisir embaumé ». De plus, non seulement cette femme lui inspire un amour extatique, mais elle fait jaillir en lui un désir. Ceci est perceptible par le mouvement et le caractère animal de la chevelure. La femme est associé à un monde animale et sauvage à travers une métaphore filée : « Ô toison, moutonnant jusqu’à l’encolure ». Cette animalité accentue la sensualité de la femme et amplifie l’amour béat que le poète lui voue. Il veut la sentir, s’en approcher, sentir la proximité, se fondre en elle : « Longtemps! toujours! Ma main dans ta crinière lourde » (tout en gardant un caractère