La cigale et la fourmi
A) L’écriture de la variété
Jean de La Fontaine écrivait dans une fable « Le Lion et le Chasseur » : « une morale nue apporte de l’ennui, le conte fait passer le précepte avec lui » […] « il faut s’instruire et plaire ». En effet, il met l’accent sur la construction du récit, sur la qualité narrative pour séduire le lecteur et communiquer plus aisément sa visée didactique.
- variété des registres : nous avons du pathétique avec la cigale dans la plus grande misère « dépourvue », « pas un seul petit morceau » « famine ». Le lecteur peut être apitoyé par un personnage en détresse. Le registre merveilleux est présent avec des personnifications ( verbes de parole, qualificatifs « emprunteuse »). Nous avons aussi de l’ironie avec le dernier vers « et bien dansez maintenant » qui contraste car le ton ici est persiflant. Ces changements de registres entraînent des changements d’intonations chez le lecteur. A leur parution, les fables étaient dites dans les Salons.
- Variété du mètre, La Fontaine ne choisit pas un mètre pour sa fable, des octosyllabes, et un de trois. Son texte ne se présente pas comme un bloc monolithique.
- Variété des rimes, non seulement ( à part la rime en « é »), elles sont variées. De plus, La Fontaine choisit deux dispositions, plates ou suivies ( vers 1-2) et embrassées ( vers 15 à 18 et vers 19 à 22). Les sonorités, elles -mêmes sont témoins de cette volonté de créer un texte plaisant.
- Variété des personnages, les espèces choisies convoquent chez le lecteur des connotations différentes. La cigale évoque l’été, le midi, les vacances, la joie de vivre tandis que la fourmi représente le travail, l’organisation, l’obéissance. Ce sont comme dans de nombreuses fables, deux personnages antithétiques, que le lecteur a plaisir de voir opposés, ici.
- mélange de récit et de discours direct. La Fontaine a conservé d’Esope l’insertion de la conversation dans l’histoire. Mais il dote chaque animal