La colonisation est un phénomène spatial par excellence. Les sociétés coloniales ont besoin d’espace, de terre, de matières premières, de main d’œuvre, de producteurs, de consommateurs. La construction de villes coloniales suppose l’installation de structures administratives, militaires, de résidences pour les colons. Ces villes, implantées dans des endroits précis (lieu de passage, front pionnier, site stratégique, etc.), sont au coeur d’un système de contrôle de l’espace. La création de villes coloniales est faite au centre d’un espace productif, tout autour de la cité, qu’il faut maîtriser, gérer, mesurer, diviser, fiscaliser,… Elle fait naître des parcellaires agraires, des outils techniques (drainage et bonification, irrigation, …), des systèmes d’exploitation de la terre, des divisions mais aussi des dépouillements, des assignations, parfois des rétrocessions aux anciens propriétaires indigènes. L’expansion coloniale se fait depuis un “centre” - la ville - doté d’un pouvoir fort, souvent en dépit, voire au détriment d’une société “indigène”, établie sur des structures politiques, sociales et économiques, qui soit est amenée à disparaître face à cette “intrusion” et occupation du territoire, soit est intégrée, plus ou moins, par la société coloniale. Pour les populations indigènes, l’adaptation du “modèle” colonial n’est souvent qu’une acceptation de certaines pratiques du colonisateur ayant un label d’efficacité et d’adaptation à un milieu donné. Durant les années 2011-2015, il ne sera pas possible de tout étudier. Il a donc été décidé de privilégier trois aspects majeurs : modèle urbain, organisation de l’espace urbain, et sociétés urbaines.
1°) Le modèle urbain. Les villes construites dans le Nouveau Monde reflètent une certaine vision de l’espace et du pouvoir propre aux Européens. Comment le modèle s’adapte-t-il alors aux conditions nouvelles du terrain et des hommes ? L’existence de différents modèles de villes coloniales (romain, ibérique et