La conscience
« Il est au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d’autrui comme bonnes ou mauvaises, et c’est à ce principe que je donne le nom de conscience. » Rousseau Rousseau a puisé sa notion de conscience morale dans sa lecture des Confessions d’Augustin. C’est d’ailleurs en écho au philosophe berbère que le philosophe genevois a rédigé ses propre Confessions. Sous l’influence de son père romain, Augustin a vécu une vie dissolue dans sa jeunesse au grand désespoir de sa mère berbère chrétienne. Conscient de l’inanité d’une telle voie, il a d’abord opté pour le manichéisme avant de se convertir au christianisme. Dans ses Confessions Augustin exprime de manière pathétique et littéraire son repentir pour sa vie passée vouée au péché. Sa prise de conscience morale féconde en même temps sa conscience philosophique car il découvre que son errance charnelle était déjà l’annonce obscure de sa future conversion vers la lumière divine. En lecteur fervent de Platon, Augustin n’a pas oublié que le Beau faisait signe vers le Bien d’où son émouvante conviction que son amour pour les belles femmes revenait à la manifestation voilée de son amour encore inconscient pour la beauté divine…Bien que croyant, Rousseau donne à ses Confessions beaucoup plus morale que religieuse. Le regret rousseauiste pour la faute remplace la repentance augustinienne pour le péché. C’est dans son livre La profession de foi du vicaire savoyard rédigé en 1762 que Rousseau développe sa conception de la conscience morale. Dans ce beau livre où se mêlent subtilement de croustillantes allusions autobiographiques et de profonds raisonnements philosophiques, Rousseau met en scène le personnage conceptuel du vicaire savoyard. Il s’agit d’un vicaire qui est muté par l’evêque dans un petit village alpestre suite à une liaison sentimentale avec une femme