la consommation et ses sociologies, fiche de lecture
Dans cet ouvrage, Heilbrunn analyse la façon dont la consommation s’est détachée de la stricte réponse aux besoins naturels, et transformés en un espace où les individus manipulent sens et valeurs. Sa recherche s’articule autour de cinq points : en quoi la consommation est-elle un système de diffusion de sens, de croyances et de pratiques ? Qu’est-ce que la consommation sous l’angle de l’échange et de la valeur ? Comment la consommation peut-elle s’interpréter comme système classificatoire ? Comme système d’interactions ? Et enfin, quelles sont les relations entre consommation et processus de construction identitaire ?
Dans son introduction, Benoît Heilbrunn pose des jalons quant à la société de consommation, et surtout les pratiques de consommation. À son sens, la société dans laquelle nous vivons est une société de consommation, c’est-à-dire une société où les pratiques de consommation ont un sens, une valeur, et une finalité. Cette société étend les frontières du consommable : il n’y a plus seulement les objets qui sont dits consommables, mais dorénavant, les activités, les institutions, les pratiques le sont également. Ainsi aujourd’hui, consommer ne s’assimile plus aux simples actions de s’habiller, ou de se nourrir, c’est-à-dire, répondre à des besoins. Consommer se couple à la manipulation de sens et de valeurs. Dans la société de consommation, le droit de consommer devient en fait un devoir et la possession et la consommation sont les conditions sine qua non du bonheur. L’homme y est considéré comme un homo consumans. La consommation est, en effet, devenue constituante de nos vies, et permet de donner sens et cohérence à nos existences.
La société de consommation naît dans les années 1960, comme le montre le roman emblématique de Georges Perec, Les Choses. Elle n’a pu émerger qu’à partir du moment où tous les ménages ont pu consacrer une partie importante de leurs revenus à des biens et des