La construction européenne de l'après-guerre à nos jours
L'idée d'Europe unie, bien qu'ancienne, s'impose au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Se met alors en place un processus double basé sur l'élargissement de cette association d'États à de nouveaux membres, et l'approfondissement des domaines communs d'action. Mais au-delà de ces deux dynamiques, c'est la question de la nature de la construction européenne qui se pose. Union économique, politique, militaire, sociale, culturelle ? Un modèle économique et social ou uniquement un marché ? Fédération des États-Unis d'Europe ou confédération des États-nations ? Europe atlantiste ou indépendante ? Une Europe avec un seul visage et une seule voix ou une Europe à plusieurs vitesses ? Nous étudierons d'abord la période 1945-1989, puis nous verrons si l'année 1989 a marqué une rupture dans la construction et dans ses objectifs et si elle a ouvert une nouvelle ère pour cette communauté d'États unique au monde.
I. L'Europe de l'Ouest en construction jusqu'à la fin des années 1980
L'idée d'Europe unie est ancienne : au xixe siècle, elle a été formulée notamment par Victor Hugo et l'Italien Mazzini, mais il a fallu le désastre des deux guerres mondiales, le déclin de l'Europe et la menace communiste pour que les Européens s'attellent réellement à la tâche de construire une Europe unie. Jusqu'en 1989, cette construction ne concerne que l'Europe occidentale, c'est-à-dire la petite partie du vieux continent qui connaît encore la démocratie.
1. Aux origines du projet européen
La construction européenne est lancée, puis soutenue dans les années 1940 et 1950 par de grandes figures que l'on nomme les « pères fondateurs » : les Français Jean Monnet et Robert Schuman, l'Italien Alcide de Gasperi, l'Allemand Konrad Adenauer et le Belge Henri Spaak. Trois raisons sont à l'origine de la construction européenne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit d'abord de mettre fin aux « guerres civiles » entre Européens, et notamment à l'engrenage des conflits