LA CREVETTE

Le poème de Francis Ponge intitulé LA CREVETTE s’inscrit dans son recueil Le parti pris des choses, publié en 1942. Ce qui différencie et spécifie ce poème par rapport à la poésie traditionnelle, c’est le fait que ce poème en prose traite d’un sujet peu commun : en l’occurrence, la crevette, avec un procédé de description de style scientifique. Cela définirait toute l’ambition du « parti pris des choses » du poète, c’est-à-dire, parler des choses, que l’on n’a jamais placé au premier plan en poésie, et surtout, de manière différente, au lieu d’utiliser des figures d’analogie habituelles pour en parler. Cependant, loin d’être un texte naturaliste, nous verrons qu’il s’agit bel et bien d’un poème en prose à travers des procédés tels, les figures d’analogie, l’effet esthétique qui en découle, qui sont propres au genre de la poésie. Enfin, l’ambition du Parti pris des choses, c’est aussi tirer « quelque chose » à partir des « choses » : autrement dit, la crevette a pour vocation d’enseigner une leçon aux hommes (par ailleurs elle est elle-même comparée à l’homme).
Nous verrons donc, dans un premier temps : l’aspect de rupture avec la poésie traditionnelle, et donc, concurremment l’ambition du Parti pris des choses ; puis dans un deuxième temps, les procédés qui font néanmoins de ce texte un poème à part entière ; qui alliés aux éléments de la première partie produisent un effet comique ; et enfin nous finirons sur son aspect didactique.

Les éléments qui caractérisent la modernité et la spécificité de La crevette par rapport à la poésie traditionnelle sont les suivants : tout d’abord, dans la forme, on remarque que le poème est organisé non pas en strophes, mais en cinq paragraphes. Nous pouvons les délimiter grâce au retour à la ligne qu’effectue l’auteur. Le premier paragraphe allant de « Plusieurs » à « juste » où l’auteur établi une sorte de problématique introductive qui pourrait se résumer à « comment parler de la crevette ?» ;