Le papillon de francis ponge
Dans ce texte, le poète s’attache à rejoindre l’essence même du papillon, trop idéalisé jusqu’alors en poésie. Mais comment fait-il de ce texte le manifeste même de tout son art ? Comment parvient-il à faire du papillon la métaphore même de la poésie nouvelle, désaffublée de son vieux manteau et volant au plus près des choses ?
I – « Désaffubler la poésie… »
A – Rejet des poncifs poétiques et du symbolisme traditionnel
En premier lieu, Ponge rejette l’univers lyrique toujours lié au papillon. Dès le premier vers « Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgir au fond des fleurs », la sève, source de vie poétique et symbolique, se transforme en simple sucre collant qui salit tout : « tasses mal lavées ». De même, l’expression « par terre » inscrit le poème d’emblée dans un cadre très prosaïque : en effet, la tradition veut que l’on n’évoque pas la naissance du papillon mais plutôt son « destin enchanté » comme l’évoque Lamartine (« Le Papillon » in Nouvelles méditations poétiques). En cela, l’auteur suit une démarche plus scientifique qui s’apparente davantage à une histoire naturelle. Ainsi, nous l’avons dit, la gestation du papillon est habituellement gommée. Ici, la « chenille », cette « guenille atrophiée », évoque le processus biologique. D’ailleurs le titre même Le Parti pris des choses, suivi du nom du poème « Le Papillon » peut laisser envisager un article scientifique. Tout un lexique scientifique jalonne dès lors le texte : « ailes symétriques » (géométrie), « contagieux » (médical), « élaboré » (physiologique : s’emploie pour la « sève élaborée » c’est-à-dire produit d’une