La crise économique européenne
En introduction, Jacques Le Cacheux a évoqué le contexte immédiat. L'actuelle détente sur les marchés financiers en Europe, qui permet aux Etats de financer sans difficultés leurs programmes de dette à des taux d'intérêt plus bas, pourrait laisser croire que la crise est finie, alors qu'en réalité la zone euro est entrée en récession. La récession est particulièrement sévère dans les pays d'Europe du Sud (on entre dans la quatrième année de contraction du PIB en Grèce). Le taux de chômage progresse presque partout en Europe, atteignant 10% en moyenne et plus de 20% en Espagne. La Grande Récession amorcée en 2008 s'est transformée en Très grande Récession en 2012[1]. Cette situation contraste avec celle du reste du monde : les pays émergents connaissent des taux de croissance du PIB élevés malgré un ralentissement (environ 9% en Chine et 6% en Inde) et la croissance reste positive dans les pays développés qui ont subi de plein fouet la crise financière (croissance de 2-3% aux Etats-Unis). Ainsi, on constate que depuis 30 ans, les crises naissent le plus souvent aux Etats-Unis, mais s'avèrent plus graves et plus durables en Europe.
Partie 1 : Origine et nature de la crise
La sortie de crise des finances publiques des pays de la zone euro est actuellement très incertaine. Jacques Le Cacheux rappelle que la crise grecque est venue bousculer en 2010 les certitudes des dirigeants européens sur la solidité de la monnaie européenne et la "bonne gouvernance" économique de la zone euro. Ceux-ci estimaient lors du dixième anniversaire de la naissance de l'euro que la crise financière était avant tout américaine et qu'elle n'aurait pas d'effets durables et dommageables sur l'économie européenne, grâce notamment au comportement plus prudent des banques européennes (en particulier françaises ou allemandes) relativement à leurs homologues américaines, et grâce à la compétitivité des économies européennes[2].
La monnaie européenne s'est dépréciée vis-à-vis