La critique sociale dans l'ile des esclave
Dans cette pièce de Marivaux, il y a une critique du statut social. En effet, on sait que le pouvoir des nobles n’est pas acquis par le travail et le mérite mais il est transmis de façon héréditaire. Cela implique donc que le maître, en l’occurrence le noble donne des ordres parce qu’il en est ainsi depuis sa naissance et le valet obéit comme il le fait depuis toujours. Dans L'Île des Esclaves, Iphicrate est un noble. Il a une épée, privilège de la noblesse, et s’en sert beaucoup pour se faire respecter d’Arlequin qui, lui, n’a que la parole pour se défendre.
D’ailleurs, Iphicrate ne veut-il pas dire en grec " celui qui domine par la force " ?
Entre ce maître et son valet s’est installée une relation violente aussi bien physique que morale qu’Arlequin n’hésite pas à dénoncer dès la scène I par exemple lorsqu’il dit " les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules " ou encore lorsqu’il avoue que les compliments d’Iphicrate " ont coutume d’être faits à coup de gourdin " ; or, celui-ci étant dans la chaloupe, le maître ne peut faire taire l’insolence de son valet.
Première lecture: scène IX, p. 84-85:
ARLEQUIN, pleurant : Et qui est-ce qui te dit que je ne t'aime plus ?
IPHICRATE : Tu m'aimes, et tu me fais mille injures ?
ARLEQUIN : Parce que je me moque un petit brin de toi, cela empêche-t-il que je t'aime ? Tu disais bien que tu m'aimais, toi, quand tu me faisais battre ; est-ce que les étrivières sont plus honnêtes que les moqueries ?
IPHICRATE : Je conviens que j'ai pu quelquefois te maltraiter sans trop de sujet.
ARLEQUIN : C'est la vérité.
IPHICRATE : Mais par combien de bontés ai-je réparé cela !
ARLEQUIN : Cela n'est pas de ma connaissance.
IPHICRATE : D'ailleurs, ne fallait-il pas te corriger de tes défauts ?
ARLEQUIN : J'ai plus pâti des tiens que des miens ; mes plus grands défauts, c'était ta mauvaise humeur, ton autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave.
IPHICRATE :