La demarche de bazin
" ...Ce n'est pas en parlant des quartiers de viande sur la scène ou des vrais arbres d'Antoine que le réalisme se définit, mais des moyens d'expression qu'une matière réaliste permet à l'artiste de découvrir.
La tendance 'réaliste' existe dans le cinéma depuis Louis Lumière et même depuis Marey Muybridge.
Elle a connu des fortunes diverses, mais les formes qu'elle a pu prendre n'ont survécu qu'à proportion de l'invention (ou de la découverte) esthétique (consciente ou non, calculée ou naive) qu'elle impliquait.
Il n'y a pas un, mais des réalismes.
Chaque époque cherche le sien, c'est à dire la technique et l'esthétique qui peuvent le mieux capter, retenir et restituer ce que l'on veut capter de la réalité.
(...)
Faire vrai, montrer la réalité, toute la réalité, rien que la réalité, c'est peut-être une honorable intention. Telle quelle, elle ne dépasse pas le plan de la morale.
Au cinéma, il ne peut s'agir que d'une représentation de la réalité. Le problème esthétique commence avec les moyens de cette représentation.
Un enfant mort en gros plan n'est pas un enfant mort en plan général non plus qu'un enfant mort en couleur.
En effet, notre oeil et par conséquent notre conscience ont une façon de voir un enfant mort dans la réalité qui n'est pas celle de la caméra, laquelle découpe l'image dans le rectangle de l'écran.
Le 'réalisme' ne consiste donc pas à montrer un cadavre mais, encore, dans telles conditions qui respectent certaines données physiologiques ou mentales de la perception naturelle ou, plus exactement, en retrouvent des équivalents.
(...)
Le metteur en scène qui découpe pour nous fait à notre place la discrimination qui nous revient dans la vie réelle. Nous acceptons inconsciemment son analyse parce