LA DETTE, LE BOOM, LA CRISE
Vivien LÉVY-GARBOUA, Gérard MAAREK
Dans cet ouvrage (Economica, 1985, 276 p.), les auteurs critiquent tout d'abord les interprétations purement économiques de la crise avant de souligner les effets néfastes de la dégradation du taux de profit des entreprises sur l'investissement. Ils montrent ensuite que l'inflation obscurcit le jugement des investisseurs, alors que les marchés financiers ne participent pas assez au financement de l'économie. Ils préconisent enfin, dans une économie mondialisée, le recours aux politiques orthodoxes favorables au profit et à l'épargne. Les auteurs sont convaincus que « la crise mêle de manière indissoluble les causes réelles et monétaires ».

1. FRAGILITÉ DES EXPLICATIONS TRADITIONNELLES DE LA CRISE PAR DES CAUSES EXCLUSIVEMENT ÉCONOMIQUES

A. Les interprétations schumpétérienne et régulationniste de la crise ne sont pas satisfaisantes
Les schumpétériens méconnaissent la permanence des flux de l'innovation. Pour eux, l'entrepreneur joue un rôle central car il est à l'origine d'innovations en grappes qui exercent un effet de destruction créatrice sur l'économie. Le rythme d'apparition est de cinquante ans environ. Au début de chaque cycle, l'entrepreneur transforme l'invention en innovations économiques et maximalise son profit en investissant massivement, au risque de sur-dimensionner ses capacités de production. La crise actuelle, qui érode la rentabilité des entreprises, serait due à la fin du cycle qui a provoqué le « boom » de l'après-guerre. Les auteurs prétendent que les innovations ne suivent pas la périodicité décrite par Schumpeter. En réalité, elle émergent en flux continus comme le montrent les progrès réguliers réalisés depuis plusieurs décennies dans l'informatique, dans la productique, dans les télécommunications et dans les biotechnologies. De plus, l'approche schumpétérienne n'explique pas une crise qui frappe plus fortement l'Europe alors que les gains de productivité y sont