la dynamique des groupes restreints
Ayant développé depuis longtemps une réflexion sur l’utilisation du vocable dépendance1 dans le champ de la vieillesse, à partir de mon positionnement à la fois de directeur d’un service d’aide à domicile et de sociologue, il me parait nécessaire aujourd’hui de réfléchir sur l’utilisation intensive, depuis longtemps déjà, des vocables « autonomie » et « perte d’autonomie » dans le champ de la vieillesse « qui va mal ».
L’hypothèse qui sous-tend cet article est que les mots « dépendance » et « autonomie » renvoient aux modes de relations entre les individus dans notre société. Souvent écartelé entre individualisme et solidarité, l’individu d’aujourd’hui est, sans aucun doute, à la fois dépendant et autonome suivant la formule déjà utilisée par Emile Durkheim en 1893 : « comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société. Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? »2.
Cette réflexion est aussi celle développée par Edgar Morin : Définissant l’autonomie comme la liberté relative de l’individu au sein d’un groupe constitué par la société, il envisage l’être humain comme un système ouvert qui peut nourrir son autonomie, mais à travers la dépendance à l’égard du milieu extérieur « Ça veut dire que, contrairement à l’opposition simplifiante entre une autonomie sans dépendance et un déterminisme de dépendance sans autonomie, nous voyons que la notion d’autonomie ne peut être conçue qu’en relation avec l’idée de dépendance et ce paradoxe fondamental est invisible à toutes les visions dissociatrices pour qui il y a antinomie absolue entre dépendance et indépendance. C’est cette pensée-clé d’autonomie/dépendance que la réalité nous oblige à concevoir. Et du reste, plus un système développera sa complexité, plus il pourra développer son autonomie, plus il aura des dépendances multiples. Nous-mêmes, nous