La finalité de la séparation des pouvoirs
Pour Carré de Malberg, « il est douteux que des pouvoirs spécialisés et indépendants et pour ainsi dire sans aucun contact les uns avec les autres, puissent s’arrêter l’un l’autre et se faire équilibre ». C’est pourtant bien sur cette séparation des pouvoirs que s’est basé Montesquieu pour développer la théorie qui sert encore de modèle à de nombreux Etats aujourd’hui.
La séparation des pouvoirs selon Montesquieu peut être définie de la façon suivante : il s’agit d’une théorie dans laquelle trois pouvoirs sont distingués. Il s’agit du pouvoir législatif qui « consiste à faire les lois, à les modifier, à les abroger » (1), du pouvoir exécutif « qui a pour objet d’assurer l’exécution des dispositions émanant du législatif » (1) et le pouvoir judiciaire qui « consiste dans le jugement des délinquants et dans la résolution des procès opposant les citoyens entre eux » (1). La finalité, quant à elle, est le fait d’être organisé selon un plan ou un dessein.
Le chapitre IV du livre onzième est extrait de l’ouvrage principal de Montesquieu, à savoir L’Esprit des lois, publié en 1748. Cet ouvrage reprend de nombreuses idées déjà émises mais les reformule et les approfondit. C’est le cas notamment pour la théorie de séparation des pouvoirs dont une esquisse avait déjà été tracée par Locke plus de 10 ans auparavant. Pour développer cette théorie, Montesquieu prend exemple sur l’Angleterre en idéalisant quelque peu le régime présent outre Manche. Cet exemple est, en effet, logique puisque le XVIIIème siècle est marqué par une forte anglomanie à laquelle seul Rousseau semble échapper. Il est également important de mentionner que Montesquieu était un magistrat, ce qui explique l’importance toute particulière qu’il accorde dans son ouvrage à l’indépendance des juges, même s’il ne les décrit que comme « la bouche de la loi ». De plus, Montesquieu était issu d’une famille noble. Il est amusant de constater que ce « père » de notre