La finance globalisée
Henri Sterdyniak
Depuis le début de l’année 2010, les marchés financiers ont trouvé un nouveau sujet de préoccupation : le niveau des déficits et des dettes publics. Tous les pays développés, même les plus grands, sont, plus ou moins soupçonnés, de pouvoir faire défaut sur leur dette. Le 9 juin 2010, les primes de défaut sur les dettes publiques à 5 ans - les CDS, credit default swaps - atteignent ainsi 4,3 points pour la Grèce, 2,4 points pour le Portugal, 1,8 point pour l’Irlande, 1,7 point pour l’Espagne, 1,6 point pour l’Italie, 1 point pour le Royaume-Uni, 0,7 pour la France et 0,65 pour les Etats-Unis (et 6,22 pour l’Islande). Les dirigeants des banques, des agences de notations ou des fonds de placements déclarent s’inquiéter de la soutenabilité des finances publiques et demandent aux pays de prendre des mesures pour réduire leur dette publique en diminuant les dépenses publiques, en particulier les dépenses sociales (puisque, compte tenu des exigences de compétitivité, il ne serait plus possible d’augmenter les impôts).
Les Etats sont ainsi soumis à deux exigences contradictoires : soutenir l’activité économique et assurer leur propre situation financière. A l’échelle mondiale, les détenteurs de capitaux veulent détenir des avoirs financiers importants. Ceux-ci étaient obtenus grâce à une bulle financière. Après l’éclatement de celle-ci, le déficit de demande doit être comblé par le déficit public et par de bas taux d’intérêt. Si les marchés financiers refusent cette logique, en faisant augmenter les taux d’intérêt de long terme, sous prétexte de prime de risque, quand l’Etat soutient l’activité, si se répand la thèse que les déficits d’aujourd’hui sont les impôts de demain, qu’il faut donc épargner plus en période de déficit public, la politique économique devient impuissante et l’économie mondiale devient