La fontaine, le loup et l'agneau
1776 mots
8 pages
En une vingtaine de vers et sans un détail inutile, La Fontaine fait, dans « Le Loup et l'Agneau », le récit d'une rencontre – dont l'issue ne fait aucun doute – entre un loup affamé et un agneau naïf. Mais ce récit prend une portée universelle, exemplaire : au-delà de la violence des rapports de force dans le monde – ce qu'il est convenu d'appeler la loi naturelle selon laquelle les loups mangent les agneaux –, La Fontaine décrit ici le comportement odieux de celui qui, non content d'exercer sa violence sur plus faible que lui, prétend la justifier par des arguments spécieux, inverse les rôles et se pose en victime pour pouvoir être bourreau. Oubliée la loi naturelle ! Nous sommes ici dans l'artifice, la duplicité des comportements de l'homme avec son semblable, dont un auteur latin disait : « L'homme est un loup pour l'homme ». La Fontaine met ici en scène deux personnages vivants et pittoresques à la fois, mi-animaux, mi-hommes. Chacun d'eux développe à sa façon son argumentation (avec mauvaise foi pour le Loup et avec une vraie candeur pour l'Agneau). En confiant à des animaux la mission de représenter tout ce que la violence a d'odieux, La Fontaine donne à sa fable une forte portée et nous permet de transposer sa leçon dans le monde humain.
I. Des personnages vivants
Dans sa dédicace « À Monseigneur le Dauphin » du premier recueil de ses Fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables et surtout les siennes : « Tout parle en mon ouvrage […] Je me sers d'Animaux pour instruire les hommes. » La réussite des fables de La Fontaine tient à ce que ses animaux sont humanisés, mais cette métamorphose s'inscrit toujours dans la logique de leur nature, de leur physique, de leur comportement animal, ce qui rend encore plus convaincant le passage du récit à la leçon morale qu'on peut en tirer.
1. Des animaux ?
Le cadre naturel
Dans la fable, les deux animaux sont d'abord présentés dans leur milieu naturel (« dans le courant d'une onde pure »), plus