La force, la ruse et le droit

1498 mots 6 pages
Opinion antique, l'idée selon laquelle force vaut droit se trouve déjà défendue, non sans éloquence, par Calliclès, adversaire de Socrate mis en scène par Platon dans un dialogue intitulé Gorgias. La Fontaine, avec son génie de la langue, a sans doute synthétisé au mieux ce point de vue dans un vers passé en proverbe : "La raison du plus fort est toujours la meilleure". A "bon droit", le plus fort exerce sa puissance sur le plus faible, et dans un sens, cette situation ne peut faire l'objet que d'un constat, amer sans doute, mais indéniable. Qui parvient par la violence à se rendre maître des agents de police, à leur échapper par la ruse, à les convaincre par malice ou à les corrompre par l'argent, reste de facto impuni. Ne soyons pas naïfs : les criminels les plus dangereux, en France, ne comparaissent jamais devant les Cours d'assises : ils sont assez puissants pour faire exécuter le sale boulot par des porte-flingues, ou assez malins pour ne pas laisser de traces. La télévision ne montre jamais les vraies crapules : seulement les petites frappes.

(Au fait, un chiffre à glacer le sang : sur le millier d'homicides commis chaque année en France, environ un tiers n'est jamais élucidé. Sur trente-cinq ans, cela nous fait un total de 10.000 meurtriers, au bas mot, dans la population française, soit un pour six mille habitants. On peut supposer que toutes les bourgades ont le leur, et nous en avons tous, forcément, croisé au moins un...)

En son temps, l'Inquisition reconnaissait cet état de fait, avec son célèbre adage : "Pas vu, pas pris et pas pris, pas puni ; mais pris, pendu."

Outre Platon, cette conception a servi de fondation à la pensée politique de Thomas Hobbes, qui écrit dans le Leviathan:
Si deux hommes désirent la même chose alors qu’il n’est pas possible qu’ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (qui est principalement leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément), chacun

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