La gestion du risque de liquidité
CHARLES GOODHART
Professeur d’Économie bancaire et financière London School of Economics
Liquidité et solvabilité sont les deux piliers indissociables de l’activité bancaire, souvent impossibles à distinguer l’un de l’autre. Une banque illiquide peut rapidement devenir insolvable et inversement. Comme l’a souligné Tim Congdon (Financial Times, septembre 2007), dans les années cinquante, les actifs liquides représentaient en général 30 % de l’actif total des banques de dépôts britanniques et se composaient dans une large mesure de bons du Trésor et de titres publics à court terme. Actuellement, ces avoirs correspondent à 0,5 % environ et les actifs liquides traditionnels à quelque 1 % du passif. Les normes antérieures relatives à la transformation des échéances n’ont pas non plus été conservées. Des proportions croissantes d’actifs à long terme ont été financées par des emprunts à relativement court terme sur les marchés interbancaires. Les conduits de financement de tranches de crédits hypothécaires titrisés adossés à du papier commercial à trois mois en constituent un exemple extrême. Northern Rock en est un autre. Ces problèmes d’incohérence temporelle sont difficiles à résoudre, notamment dans un contexte de crise (prévue) ; il convient de souligner que de nombreux aspects de la crise actuelle, mais pas tous, avaient été anticipés par les autorités de régulation du système financier et, plus largement, par les banques centrales. Or, ces dernières ne disposaient tout simplement pas des instruments, ni sans doute de la volonté nécessaire pour remédier à la situation. Si les canots de sauvetage sont immédiatement mis à l’eau dès l’apparition des problèmes, et que des liquidités supplémentaires sont fournies à des conditions favorables, les banques sont incitées à accroître la densité de leurs constructions en zone inondable. Pourquoi devraient-elles s’inquiéter de la gestion de la liquidité lorsque c’est la banque centrale qui s’en