La guerre de troie n’aura pas lieu. giraudoux
« Un fruit est nourriture, mais il ne paraît que délice. On ne perçoit que du plaisir, mais on reçoit une substance. » Paul Valéry.
Dans quelle mesure La Guerre de Troie n’aura pas lieu paraît-elle répondre à cette sentence ?
Le poète utilise l’image du fruit pour développer une idée qui peut-être adaptée à l’art et en particulier au genre théâtral. La métaphore du fruit peut être utilisée dès lors que celui-ci procure un plaisir délicat pour les sens. Il est donc tout d’abord perçu, pris, capté - de percipere, caperer - comme source de plaisir ; « il ne paraît que délice […] On ne perçoit que du plaisir ». Il est bien question de première impression, de premier contact par la vue. Néanmoins, « le fruit est nourriture », il est donc vital et nécessaire, car c’est ce qui par définition « entretien la vie d’un organisme en lui procurant une substance à assimiler ». Et Paul Valéry évoque le terme de « substance » qui est inévitable lors d’une ingestion de nourriture, mais aussi en terme d’art. Pour que la substance pénètre chez le spectateur il faut qu’il y ait réception. Cela va plus loin que la perception, car là, le récepteur, est en possession de quelque chose, il a été atteint. La nourriture peut-être assimilée aux nourritures intellectuelles ; la poésie, le théâtre, la littérature et l’art en général nourrissent l’esprit, et c’est ce à quoi tend Giraudoux, à travers ses pièces. La Guerre de Troie n’aura pas lieu illustre bien cet objectif ; en effet, cette œuvre représentée pour la première fois en 1935, mêle le mythe à l’actualité, la « beauté du langage » et d’autres subtilités qui permettent d’intercepter, de capter l’esprit du spectateur et du lecteur. C’est pourquoi il serait intéressant d’observer dans quelle mesure le but de Giraudoux est de transmettre une substance.
Cette œuvre a certes tout d’abord pour fin de susciter le plaisir du public. Cependant, l’auteur tente de créer une distance entre l’œuvre en elle-même et les esprits