La ivème république
Version préliminaire de l article de Pierre Dockès, « Méta-capitalisme et transformations de l ordre productif » in Carlo Vercellone (ed), Sommes-nous sortis du capitalisme industriel ?, La Dispute, Paris, 2002, pp. 139-166. Fernand Braudel récusait partiellement la conception marxienne du capital. Pour lui le capital n'est pas seulement moyen de production, ni l'ensemble infiniment diversifié des "biens-capitaux" et le capitalisme ne peut se résumer seulement à un mode de production, au capitalisme industriel, à un rapport de production spécifique. Il est finalement de tous les temps puisque « l'histoire du capital enjambe la première révolution industrielle anglaise, elle la précède, elle la traverse, elle la dépasse »1. Mais, poursuit Braudel, s'il y a déjà capital et capitalisme avec "le haut négoce", la "haute finance", le capital n'a pas de rôle au niveau de l'échange quotidien, à petite portée, ni de la production courante. Il joue à une toute autre échelle. Et s'il félicite Hilferding d'avoir protesté contre l'idée d'un capitalisme seulement industriel, d'avoir mis l'accent sur l'importance du capitalisme financier, il se refuse à ne le faire commencer qu'au début du XXème siècle. Fondamentalement, pour Braudel le capital est pouvoir, mais pas n'importe quel pouvoir, il est l'expression même du pouvoir économique supérieur : grâce à sa puissance, en particulier financière, il peut d'en haut dominer et orienter et les échanges "au long cours" et la production sans nécessairement y pénétrer directement. Il peut rester extérieur au rapport d'exploitation directe, pouvant récupérer l'essentiel des profits en aval, en tenant les débouchés, en amont en tenant les fonds financiers, les sources d'approvisionnement. Produire de la plus-value directement n'est qu'un de ces moyens, le capital a toujours "plusieurs fers au feu". En ce qui concerne les XIXe